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jeudi 17 septembre 2009

On passe outre à tous les signaux de danger.



La crise à venir, 863 000 milliards de dollars toxiques notamment en produits "structurés", selon Jean Montaldo, chiffres vérifiés par la BRI de Bâle, sans compter toutes les opérations hors bilans du shadow banking...

Date : hier 16/09/2009
Horaire : 22H05 - 00H09
Durée : 124 mn

Antenne 2

 

Invités: Jérôme Kerviel, Marc Fiorentino, Jacques Cotta, Jean Peyrelevade, Jean Montaldo, Daniel Cohen, Pierre Bénichou, Patrizia d' Addario, Giampiero Martinotti, Frédéric Lefebvre, Michèle Rivasi, Michel Cymes, Christine Kelly, Marc Jolivet.

Pour cette émission de rentrée, Jérôme Kerviel a parlé des traders, des bonus et du monde de la finance, un an après le début de la crise financière.

Pour débattre de ce sujet, Guillaume Durand reçevait également le journaliste Jacques Cotta, l'ex-président du Crédit Lyonnais Jean Peyrelevade, mais aussi Jean Montaldo, auteur de «Lettre ouverte aux bandits de la finance» (Albin Michel).

L'émission était également consacrée aux frasques de Silvio Berlusconi, avec la présence sur le plateau de l'escort girl Patrizia d'Addario et de Giampiero Martinotti, correspondant en France de «La Republicca».

Enfin, Guillaume Durand est revenu sur la grippe A, avec Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP, Michèle Rivasi, agrégée de biologie et députée européenne, ou encore Michel Cymes, médecin et journaliste.




Le journaliste français Jean Montaldo, ancien de «Paris Match» et du «Canard Enchaîné», a publié un brûlot contre le système financier, où l'UBS est en première ligne.
Sedrik Nemeth

«Ospel savait que l'UBS allait dans le mur»

Averti comme d'autres dès 2004 par le FBI du haut degré de dangerosité des «subprimes», l'ex-patron le mieux payé de Suisse a passé outre à tous les signaux de danger. Jean Montaldo, célèbre enquêteur économique, affirme aussi que l'ancienne direction de l'UBS a également tenue secrète l'existence d'un «super Jérôme Kerviel» dans ses rangs.

Par  Christian Rappaz

«Messieurs les bandits de la finance, votre avidité et votre cupidité viennent de précipiter le monde dans la plus vaste destruction de valeurs de tous les temps. Embarqués dans la galère des subprimes, ces crédits hypothécaires pourris américains, et autres produits vénéneux, vous saviez vos trafics monstrueux condamnés à finir dans le décor! Oui, vous le saviez, et je vais le prouver.»

Dans sa Lettre ouverte aux bandits de la finance (Ed. Albin Michel), Jean Montaldo (68 ans), déjà auteur de Mitterrand et les 40 voleurs en 1994 et du Marché aux voleurs en 2003, n'y va pas avec le dos de la cuillère pour mettre au ban de la société les grands magnats de la finance mondiale. Fruit d'une enquête au long cours durant laquelle il a compulsé plus de 300 000 documents officiels originaux, son brûlot, actuellement en tête des ventes en France et en Suisse romande, décortique «le plus grand hold-up de l'histoire commis au nez et à la barbe de magistrats, contrôleurs, auditeurs en tout genre qui ont tout vu, tout su et tout laisser faire».

Fort de témoignages édifiants et de documents incontestables, l'écrivain accuse nommément les personnes en les affublant du vocable réservé au grand banditisme. «Sans que ces dernières ne réagissent. Aucune de mes investigations n'a jamais été condamnée en justice», précise-t-il, avant de confier: «Aujourd'hui, je suis en mesure de vous révéler qu'un super Jérôme Kerviel* a sévi à l'UBS en 2007-2008 mais ces agissements ont été gardés secrets. Je ne connais pas encore son nom, mais ça ne saurait tarder.»

«Une gestion éminemment déloyale et criminelle»

A vrai dire, l'écrivain français a passé l'UBS, et toutes les autres banques empêtrées dans le scandale des subprimes, au crible de ses investigations. Et il est catégorique: Marcel Ospel, au même titre que les présidents de tous les établissements emportés par la tourmente, savait que l'UBS allait dans le mur. «A la différence que lui y est allé plus fort», s'amuse-t-il. Ses allégations, l'ancien journaliste de Paris Match et du Canard Enchaîné, notamment, les assène à coups de rapports du FBI, premier gendarme du monde et du FINCEN (Financial Crimes Enforcement Network), un service d'enquêtes du Trésor américain.

Dès septembre 2004, le FBI prévient de la catastrophe annoncée. Un document rédigé par le chef de la division criminelle dénonce en effet une épidémie de fraudes sur le marché des prêts immobiliers qui, si elle n'était pas combattue, continuera à attirer des groupes criminels et des professionnels peu scrupuleux, dont les activités frauduleuses risquent de provoquer des pertes de plusieurs milliards de dollars pour les institutions financières (43 milliards de dollars pour l'UBS). Dans l'un de ses derniers rapports, Robert Mueller, patron du FBI, va jusqu'à suggérer que (sic) «l'affaire des prêts immobiliers faisandés risque de faire plus de dégâts au monde que tous les réseaux terroristes». Qu'à cela ne tienne: Ospel et ses homologues occultent tous les avertissements.

Dès 2005, le FINCEN enfonce pourtant le clou en informant qu'il a recensé pas moins de 37 313 escroqueries d'envergure dans le secteur des prêts immobiliers; un chiffre porté à 46 717 en 2007, dont 43% sont de fausses déclarations de revenus, de patrimoine ou de dettes et 28% des falsifications de documents officiels. «Tous ces rapports envoyés au gouvernement US, Marcel Ospel (ndlr: qui empochait 72 852 francs par jour, week-end compris à cette époque) et les autres patrons de banque les ont eus entre leurs mains sans qu'ils ne provoquent la moindre réaction de leur part», assure Montaldo.

L'appât des bonus

Au contraire, ces banquiers du diable, comme il les appelle, mus par le seul appât des bonus et de l'argent facile, poursuivent leur fuite en avant, exposant l'argent de leurs clients et de leurs actionnaires dans des opérations hautement spéculatives et hasardeuses sans que ceux-ci en soient informés, mettant ainsi leur établissement en situation de quasibanqueroute. «Une gestion éminemment déloyale et criminelle imposée en toute connaissance de cause qui justifie que ses responsables soient emprisonnés et condamnés à rendre jusqu'au dernier centime les gains délirants qu'ils se sont assurés.»

«Il y a eu un super Kerviel à l'UBS»
Jean Montaldo

Conscient du péril majeur suspendu au-dessus des économies américaine et mondiales, un jeune sénateur démocrate de l'Illinois, du nom de… Barack Obama, aussitôt rejoint dans sa croisade par l'un de ses homologues républicains du nom de… John McCain, propose, le 14 février 2006, l'adoption par le Sénat et la Chambre des représentants d'un texte (N° S 22 80), intitulé «Stop Fraud Act», avec un libellé des plus clairs: «arrêter les transactions qui visent à provoquer la fraude, le risque et le sous-développement». Particulièrement clairvoyant, Obama demande notamment la création de nouvelles peines criminelles (jusqu'à 5 millions de dollars d'amende et 35 années de prison) pour les activités frauduleuses dans l'octroi et le courtage de prêts immobiliers, ainsi que le renforcement du contrôle des professionnels de prêts (banques et institutions financières).

Curieusement passée sous silence aujourd'hui, l'initiative des deux hommes reste un chiffon de papier grâce ou à cause des énormes pressions exercées par les puissants lobbys bancaires. Elle prouve néanmoins de manière irréfutable que la crise commencée en 2007, pour tourner au cauchemar en 2008-2009, n'a pas frappé par surprise. Ironie du sort, trois ans après cette tentative avortée, l'élu de Chicago et de ses modestes banlieues durement éprouvées par les gangsters des subprimes entre à la Maison Blanche, avec pour programme d'arrêter le massacre et de punir les coupables.

Pendant ce temps-là, à Zurich, le Ministère public du canton, siège de l'UBS, et son juge d'instruction, Peter Pellegrini, cherchent en vain, depuis le début de la débâcle, quel crime ou autres indélicatesses auraient bien pu commettre Marcel Ospel, Peter Kurer et leurs comparses du conseil d'administration pour mettre la deuxième plus grande banque du monde sur le dos. On croit rêver…

* Jérôme Kerviel est un opérateur de marché de la Société générale accusé par son employeur d'être le responsable de 4,82 milliards d'euros de pertes en janvier 2008.

Le 14 août, le parti socialiste a déposé plainte pénale

«Si Ospel est un voleur, nous sommes tous des receleurs»

«La plainte pénale des socialistes contre les anciens dirigeants de la banque est cohérente. Mais le PS aurait gagné en crédibilité s'il s'était montré plus curieux à l'époque où l'UBS rapportait des milliards à la Confédération. Avec le recul, on peut dire que, si Ospel est un voleur, le Parlement, tous partis confondus, a joué le rôle de receleur.»

Yvan Perrin, vice-président de l'UDC suisse


«La droite ne veut pas mordre la main qui la nourrissait»

«Les partis de droite ne voulaient pas mordre la main qui les nourrissait. Cela dit, que l'UDC, véritable porteur d'eau de la banque, nous accuse aujourd'hui d'avoir profité de la manne des grandes années est plutôt gonflé, sachant par exemple l'amitié qui liait Marcel Ospel à Christoph Blocher. Blocher a été invité au mariage d'Ospel, j'en passe et des meilleures.»

Christian Levrat, président du parti socialiste suisse


«Rétablir la crédibilité de la banque passe par la justice»

«Le PS dépose plainte pénale, c'est de bonne guerre. Personnellement, je n'ai pas attendu le 14 août 2009 pour exprimer mon indignation contre l'ancienne direction. Je ne comprendrais pas que les gens responsables du chaos ne doivent pas répondre de leurs actes. La banque ne retrouvera pas sa crédibilité tant que ces personnes n'auront pas été jugées.»

Christophe Darbellay, président du PDC suisse


«La démarche du PS est avant tout populiste»

«La démarche du PS est avant tout populiste, puisque les délits commis par les anciens dirigeants de la banque sont poursuivis d'office. Je vous rappelle que le parti libéral radical s'est battu contre les parachutes dorés. Membre de la Commission de gestion du Parlement, je ne manquerai pas de mettre les responsables face à leurs responsabilités.»

Isabelle Moret, viceprésidente du PRL suisse

«Plainte pénale contre le Ministère public de la Confédération»

«En ne poursuivant pas d'office les actes criminels commis par Ospel et ses comparses, le Ministère public n'a pas fait son boulot. Nous déposerons prochainement une dénonciation pénale à son encontre auprès du Tribunal pénal fédéral. J'ai déclaré en février déjà que Ospel, Kurer et d'autres devraient être en prison, ce qui m'a valu beaucoup de critiques et de menaces.»

Uli Leuenberger, président des Verts suisses




Escroquerie

Complice de Madoff, l'UBS a trompé ses clients

Entre 2004 et 2008, l'UBS de Marcel Ospel a entretenu des liens étroits avec le plus grand escroc de tous les temps, dont la fraude est estimée à 65 milliards de dollars.

Avec Marcel Ospel aux commandes, l'argent de l'UBS n'avait vraiment pas d'odeur. Quelques jours après l'arrestation de Bernard Madoff, le 12 décembre 2008, on apprend en effet que la banque suisse, via son entité luxembourgeoise, gestionnaire du fonds sicav Luxalpha, est l'un des plus importants partenaires du bandit américain, condamné à 150 ans de prison le 29 juin dernier.

Dans leur livre Et surtout, n'en parlez à personne…, deux journalistes français révèlent, documents officiels à l'appui, que l'escroc figurait en tête de liste des courtiers préférés de la banque aux trois clés. Dans son rapport 2007 qu'elle remet à la SEC, le gendarme de la Bourse américaine, l'UBS déclare d'ailleurs que BLMIS, la société de Madoff, a «géré» 14% de ses ordres de Bourse à Wall Street et 1% de ceux passés au Nasdaq. Ouvert au grand public, Luxalpha, l'un des attrapenigauds de Madoff, a été créé par l'UBS, qui en était le promoteur, le gestionnaire et l'agent administratif. Un fonds au risque quasi nul, de haute performance (entre 8 et 15% par année) et géré avec une totale transparence, disait le prospectus de vente édité et distribué par l'UBS.

La banque occultait soigneusement de mentionner le nom de Bernard Madoff comme gestionnaire final du fonds. Ce dernier rapportera 1,4 milliard de dollars à Bernie, comme on l'appelait affectueusement dans les milieux financiers, 85 millions de dollars de commissions à l'UBS et à ses managers et… les yeux pour pleurer aux investisseurs.

Pour la seule année 2007, les managers de l'UBS toucheront 24 millions de dollars de bonus en récompense de leurs bonnes performances. Ultime injure aux clients, la banque justifiait ces émoluments (sic) «par la vigilance qu'elle exerçait sur les placements réalisés avec Luxalpha».

Payés pour ne rien voir

Pour Jean Montaldo, l'implication de l'UBS dans l'affaire Madoff est donc considérable. L'enquêteur et écrivain français va plus loin. «Oswald Grübel, le brillant successeur de Marcel Ospel à la tête de l'UBS, est bien placé pour juger des compétences et de l'honnêteté de son prédécesseur. Naguère président du Credit Suisse, il s'est personnellement rendu à New York pour contrôler la solidité du groupe Madoff dans lequel sa banque avait investi environ 500 millions de francs. A son retour, confronté au blackout total imposé par Bernard Madoff sur ses activités, il a ordonné à ses traders de retirer la totalité des engagements. Grübel a visiblement dû se rendre compte que BLMIS n'était qu'une coquille vide. Ce que le cabinet d'audit Ernst and Young, le super commissaire aux comptes censé superviser le fonds Luxalpha, n'a pas flairé pendant des années.»

Jean Montaldo poursuit: «A l'instar d'Ixis, filiale de la banque d'affaires française Natixis, fortement mêlée aussi à Luxalpha, l'UBS s'est comportée en complice de Madoff. Il est impensable et impossible qu'une banque de cette taille se montre à ce point incompétente. La vérité, c'est que, obnubilé par ses bonus et par ceux de son étatmajor qu'il devait justifier, Ospel ne regardait rien. On ne peut pas accuser l'UBS, Ixis et Ernst and Young d'être parties prenantes du hold-up. Mais on peut aisément imaginer que les grosses commissions et autres récompenses que Madoff leur versait les amenaient à ne rien voir.»

A ce jour, la nouvelle direction de l'UBS se débat avec les multiples plaintes déposées par les pigeons du fonds Luxalpha.

Tags: Jean Montaldo, UBS, Marcel Ospel, Kerviel, FBI, subprimes, Madoff,

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